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Le Grand Palais accueille l'exposition Niki de Saint Phalle, du 17 septembre 2014 au 2 février 2015. Crédit photo : Niki de Saint Phalle en train de viser, photographie en noir et blanc rehaussée de couleur extraite du film Daddy, 1972. (détail) © Peter Whitehead.

La plus féministe des artistes s'installe au Grand Palais à l'occasion d'une rétrospective. De l'engagement politique à la revendication de « Nana », l'art de Niki de Saint Phalle oscille entre torture et fantaisie. Et l'exposition le lui rend bien.

Artiste autodidacte, Niki de Saint Phalle a fait de son œuvre entier un acte symbolique. L'inscription dans le courant du Nouveau Réalisme se reflète dans la plupart de ses travaux : dès les années 1950, elle y intègre directement des objets du quotidien. Si les têtes de poupées, jouets, fleurs et racines présents dans ses toiles font écho à l'enfance et à la maternité, Saint Phalle trouble le sens premier de l'objet. Elle y projette des coulées de peinture — rappelant les drippings de Pollock dont elle s'inspire librement — et les recouvre d'une épaisse peinture. Une désacralisation de l'enveloppe maternelle qui migre peu à peu vers un art de la performance. Niki de Saint Phalle peint la violence (Autoportrait, 1958-1959), torture la mère (L'Accouchement rose, 1964), révolte la femme (La Mariée, 1963) ; ses tirs à la carabine et au fusil de chasse brisent les codes moraux de la société. Au Troisième Festival des Nouveaux Réalistes (1970), elle bombarde de peinture un retable constitué de crucifix, de signes religieux et d'animaux taxidermisés. Une action forte, iconoclaste, qui confère à la femme ses désirs de liberté et d'affranchissement de l'homme, perçu comme un prédateur.

Dès lors, Niki de Saint Phalle se défie de devenir une héroïne. « Qui serais-je ? George Sand ? Jeanne d'Arc ? Napoléon en jupons ? », s'interroge-t-elle. L'artiste se défend d'une société hyper-masculinisée et propose une nouvelle représentation de la femme. Un leitmotiv artistique inspiré en partie de la lecture du Deuxième Sexe (1949) de Simone de Beauvoir. De ce combat féministe, Niki de Saint Phalle engendre ses grosses Nanas — faites dans un premier temps de papier collé et de laine — multicolores. « Elles n'ont pas besoin de mecs [...] Elles sont indépendantes, elles sont joyeuses », précise-t-elle dans une vidéo de l'exposition. Très vite, ses Nanas se déclinent en bijoux, en ballons et en sérigraphies. Saint Phalle les façonne même en de véritables architectures, dont Hon (1966) — en suédois, « Elle » — qu'elle élabore comme une cathédrale éphémère, à Stockholm. Les visiteurs peuvent pénétrer dans cette œuvre monumentale par le sexe de la scultpure. Ego surdimensionné ou simple fantaisie ? C'est indéniable, Niki de Saint Phalle a de la gueule. L'artiste pose même en couverture de Life, de Vogue et d'Harper's Bazaar. Dans les interviews filmées de l'exposition, elle se joue des questions des journalistes et y répond avec une aisance déconcertante. Niki de saint Phalle, c'est donc ça ; une sacrée Nana.

L'exposition Niki de Saint Phalle a lieu du 17 septembre 2014 au 2 février 2015, au Grand Palais. Tous les jours de 10h à 22h, sauf le mardi (fermeture à 20h les dimanches et lundis). Tarif : 13€. À voir également : La Cabeza au Centquatre, du 17 septembre 2014 au 1er février 2015.

Crédits photos : Leaping Nana, Planche de Nana Power, 1970, 76 x 56 cm, sérigraphie sur papier vélin d'Arches, Sprengel Museum, Hanovre, donation de l'artiste en 2000, © 2014 Niki Charitable Art Foundation, All rights reserved (à gauche) / Skull (Meditation Room), Sprengel Museum, Hanovre, donation de l'artiste en 2000, © 2014 Niki Charitable Art Foundation, All rights reserved / Photo : Michael Herling (à droite).

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