Retrouvez désormais tous nos bons plans sur notre compte Instagram 
Suivez-nous sur Instagram
Crédit photo : Olivier Allard.

Au théâtre de la Tempête, Maladie de la jeunesse, jouée du 15 janvier au 14 février, bat son plein lorsque le spectateur pénètre la salle. La pièce de Ferdinand Bruckner, l’un des auteurs phares de la République de Weimar, mise en scène par Philippe Baronnet commence in medias res comme on dit dans le jargon littéraire. Et ne nous lâche plus jusqu'au noir de fin.

Autour d’un lit en ferraille de la chambre de Marie, sept jeunes révisent leur doctorat de médecine. Scène d’interrogatoire sur les maladies : syphilis, mononucléose ? Définitions ! On est en 1923 en Autriche, dans une auberge viennoise où logent des étudiants en médecine. Juste après la Première Guerre Mondiale, la société souffre d’un grand vide moral, économique, intellectuel, politique et spirituel. Le genre de vide à vous donner le vertige. Et c’est surtout de ce vide-là que naît la fameuse maladie dont il est question ici. Alors que Marie est amoureuse de Petrell, celui-ci aime Irène. De son côté, Désirée vient de quitter Freder, ordure cynique, parce qu’elle est amoureuse de Marie. Ce chassé-croisé amoureux, fil rouge de la pièce, laisse éclore des personnages aux caractères forts sur fond de jeunesse désœuvrée. Cette bande de futurs adultes, encore un peu piégée dans l'enfance, court pour trouver un sens à sa vie, se construire un avenir. Elle qui crève d’envie d’en découdre avec le monde se perd dans un savant mélange de pathétique, d’humour et de tendresse omniprésents dans le texte de Bruckner. Tantôt cynique dans les mots de Désirée, parfois naïve et maladroite chez Lucy, violente du côté de Freder : la jeunesse somnole dans un rêve désespérée de se trouver une place dans la réalité. Quel avenir pour ces jeunes adultes qui sortent de la Première Guerre Mondiale et s’apprêtent à vivre la montée du nazisme ? Un sujet qui résonne sans mal aujourd’hui, dans une société inquiète pour l'avenir de ses enfants et paumée, elle aussi. Philippe Baronnet met en scène ces athlètes de la pensée aux discours percutants, qui passent en l'espace d'une seconde d’une maîtrise absolue du langage à l’expression la plus maladroite d’une pulsion physique. Les acteurs sont éclatants et engagés : les corps-à-corps, les larmes, les rires, les combats sont d'une justesse épatante. Accompagnés de décors sobres qui évitent de prendre trop de place, le résultat est intense. Ouverte sur une scène légère, Maladie de la jeunesse se laisse assombrir, au sens propre des lumières qui baissent doucement au fil de la pièce, comme au figuré. Les personnages gagnent en gravité et laissent s’installer la violence sur le plateau, pourtant jamais trop esthétique, ni trop crue.

Maladie de la jeunesse, mise en scène par Philippe Baronnet se joue au Théâtre de la Tempête situé à la Cartoucherie de Vincennes, Route du Champ de Manoeuvre, 75012 Paris. Du 15 janvier au 14 février, du mardi au samedi à 20h30, le dimanche à 16h30. Tarifs : de 12€ à 20€.

Crédit photo : Olivier Allard.
Crédit photo : Olivier Allard.
Crédit photo : Olivier Allard.

A lire aussi

Exposition Internationales graphiques, collections d'affiches politiques à l'Hôtel national des Invalides

Fugue : fausse neige et chants baroques au Théâtre des Bouffes du Nord

La Photographie d'Ugo Mulas investit les murs de la Fondation Cartier-Bresson

Maladie de la jeunesse : histoire d'une jeunesse désoeuvrée et splendide au Théâtre de la Tempête

Fric Frac : un spot de croque-monsieur canaille sur le canal Saint-Martin

Biondi : le nouveau restaurant de Fernando Di Tomaso