Le Misanthrope : amour, jeans et mojitos
Contrairement à nous, Molière ne vieillit pas. Et cette nouvelle adaptation du Misanthrope nous le confirme. Dans la salle du Théâtre de la Bastille, une jeune troupe prend le prétexte d'une soirée où les mojitos coulent à flot pour traduire le malaise du fameux Alceste. Audacieux.
Ce qui est surprenant avec Molière c'est sa modernité. Pas étonnant qu'une jeune troupe s'empare du célèbre Misanthrope dans une version très actuelle. Ce soir-là, on débarque au Théâtre de la Bastille dans une soirée qui bat déjà son plein : un des personnages, haut perché, envoie du son du bout de ses platines, et de l'alcool et des chips paradent sur les tables. Et puis, une bagarre éclate. Alceste, le célèbre misanthrope, tout de jeans vêtu, commence sa fameuse tirade « Ami ? Rayez cela de vos papiers ! »
Le personnage emblématique du théâtre apparaît tourmenté par le comportement indéfini de la mondaine Célimène, qui l'ignore en faisant des mojitos. Peu à peu, une barrière du langage se forme entre eux et crée un malaise palpable avec l'ensemble du groupe. Alceste souffre et cherche certes à quitter ce monde tout en venant constamment le chercher. Une misanthropie troublante, presque par défaut d'amour. Finalement, les personnages, tous d'une extrême vérité, s'enfoncent dans les méandres de cette soirée dont on finit par être participant. Ils ne cherchent pas à s'enticher d'un phrasé vieillot mais le ramène à eux, en fumant, en faisant du vélo, en dansant. Une modernité qui sonne juste et qui ne dénature à aucun moment la langue de Molière. Une réussite.
Le Misanthrope est à découvir jusqu'au 20 décembre au Théâtre de la Bastille du lundi au samedi à 19h et le dimanche à 15h. Tarif unique et placement libre. Tarif : 24 €.