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La Féline nous parle de son "Paris underground" et de ses quartiers. Crédit photo : Alexandre Guirkinger / DR.

La Féline, c'est la candidate idéale pour un « Paris vu Par » branché musique. Animal habitué des salles de concert les plus obscures de la capitale, elle connait tout ce que Paris compte de musique indé et de concerts interlopes. Rien d'inaccessible pourtant dans le tout neuf « Adieu L'Enfance », son superbe premier album à la pop froide et mélancolique. Plongée à contre-courant.

As-tu toujours vécu à Paris ? Non, je suis arrivée à Paris en 2000 quand je suis entrée à Normale Sup. Je ne suis pas née ici mais je suis une Parisienne depuis un certain temps donc !

Ce nom de La Féline, ça vient d'où ? La Féline, c'est un nom que j'ai donné à mon personnage de musicienne, après avoir vu le film du même nom de Jacques Tourneur. C'est un des premiers films d'horreur, sorti en 1942, super cool. Dedans la fille se transforme et dévore des hommes, mais on ne voit rien, tout est suggéré. C'est à la fois ultra élégant et possédé par une sorte de violence contenue, et j'ai trouvé que ça pouvait être une charte esthétique pour ma musique.

Quel est le quartier le plus félin à Paris ? Pas loin de chez moi, j'adore marcher le long du canal Saint-Denis ou du canal de l'Ourcq, peuplé de bâtiments aux architectures déstructurées, en verre, en béton, en métal... Finalement, un monde assez industriel, qui m'inspire beaucoup. Il y a une chanson sur le disque qui s'appelle « Zone », et qui est directement inspirée par cet espace-là.

Ton album parle d'ailleurs beaucoup de la ville. Est-ce qu'on peut dire que c'est un album parisien ? Oui, d'abord par les instruments. J'ai utilisé une petite boîte à rythmes pour les percus, qui dit bien le fait qu'aujourd'hui, les artistes doivent produire du rêve sans nécessairement avoir beaucoup de moyens, depuis chez eux. Et les synthés aussi évoquent Paris, un peu anxieuse, un peu grise. Après, on m'a souvent dit que ma musique était « arty », mais je ne suis pas dans la mythologie parisienne. [...]

Le nom de ton blog, c'est « Moderne c'est déjà vieux ». Où est l'avant-garde à Paris aujourd'hui ? Eh bien pour la petite histoire, ce nom de blog vient d'une de mes chansons qui parle de cela. J'étais à une soirée Gonzaï à la Maroquinerie, et comme d'habitude il y avait de supers groupes ; à côté de moi, il y avait un type qui s'énervait en disant à un autre : « Mais ce qu'on vient d'entendre ça pourrait être n'importe qui, ça a déjà eu lieu ». Et ça reflète bien que dans ces soirées, il y a une véritable envie de se demander où est le nouveau, où va le rock. Mais peut-être qu'on est à une époque où l'avant-garde c'est un peu finie, parce que les grands mouvements en général se sont essoufflés. [...]

On te peint souvent comme une artiste issue de « l'underground ». Tu peux nous donner trois salles « underground » où aller voir les meilleurs concerts ? D'abord le Garage Mü, dans le 18ème, difficile de faire plus underground : là-bas tu peux assister à des concerts normaux comme à des performances. Il y a toujours un parti-pris radical, une part laissée à l'improvisation. Je conseillerais aussi les Balades Sonores, excellent disquaire, situé avenue Trudaine dans le 9ème, c'est un défricheur de talents incroyable, qui repère toujours des gens 5 ans avant tout le monde : il organise tous les jeudis de petits showcases qui sont des occasions de découvertes incontournables. Et puis enfin, les soirées mensuelles la Souterraine qui se font la plupart du temps à l'Olympic dans le 18ème aussi.

Où sort Agnès quand elle enlève les vêtements de La Féline ? Je vais souvent boire des coups au Barourcq, au bord du canal. La musique y est bonne, les consos aussi, et peu chères. On peut jouer de la pétanque en face. Je vais manger de temps en temps à La Plage qui fait face à la zone où le canal se dédouble en canal de l'Ourcq et celui de St Denis. La vue est belle, il y a des lampions accrochés au-dessus de nos têtes, je m'y repose, c'est mon quartier.

Quel est ton rêve pour Paris ? Que ça devienne plus abordable pour les gens qui ne sont pas très riches. Beaucoup d'artistes ont un mal fou à se loger intra-muros dans cette ville qui a pourtant plein de qualités pour eux. On vit en colocation, on se débrouille, mais la précarisation est sensible. Il faut que Paris soit vigilante sur ça, parce que le jour où il n'y aura plus que des vieux et des riches, il n'y aura plus d'artistes, et la ville perdra en vie.

Le premier album de La Féline est paru le 27 octobre. Release Party au Nouveau Casino le 27 novembre pour fêter la sortie physique de l'album dans toute la France.

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