Bru

Au restaurant Bru, un bistrot tropico-franchouillard à l'angle rue La Bruyère / rue Pigalle, la cheffe propriétaire Julia de Laguarigue propose une cuisine française aux twists martiniquais, créative et raffinée, avec une attention particulière aux produits de saison. Pas de routine au restaurant Bru, la cheffe change régulièrement la carte.

L'avis de ParisBouge pour le restaurant Bru

C’est au cœur du 9ème, dans le quartier de la Nouvelle Athènes, que la cheffe Julia de Laguarigue a ouvert son premier restaurant, Bru. Elle annonce la couleur en qualifiant son resto de bistrot tropico-franchouillard. On n'a pas tout de suite capté le sens alors on va vous faire gagner du temps. La cheffe qui a grandi en Martinique, a débarqué à Paris il y a treize ans pour devenir cheffe. Elle apprend au côté du chef Stéphane Jégo au restaurant l’Ami Jean dans le 7ème où elle découvre les prémices de la bistronomie, cuisine française pointue, ambiance conviviale. Chez Bru, elle s’applique à garder cette ligne en apportant une touche antillaise à des plats typiques de bistrot. On peut lire sur la carte quelques lignes qui démontrent cette complicité : œufs mayo, pieds de porc, rillettes… mais aussi sauce chien, coco, colombo, ketchup de banane… Au déjeuner, on pioche dans une carte courte de saison, le soir, on partage des petites assiettes. Vous n’aurez probablement pas ces plats-là car la carte change régulièrement, mais ça donne le « la ». Ce midi, on a pris une petite tartelette de pied de porc et échalotes confites avec une vinaigrette bien pêchue, à l'inverse du plat, un Cabillaud et lentilles beluga, avec une sauce chien à la rhubarbe, effacée par la mayo aux herbes qui apporte beaucoup de rondeur mais qui prend un peu le dessus. On avait aussi un petit beurre au piment végétarien (piment endémique des Antilles, parfumé et très doux) pour accompagner de bonnes tranches de pain tout au long du repas. Parmi les trois desserts, il y a ce Gâteau de coco auquel la cheffe tient particulièrement. C’est le nom qu’elle affiche sur le menu, mais en Martinique, on l’appelle « Mont Blanc », un gâteau populaire qu’on sert un peu à toutes les occasions (à ne pas confondre avec notre pâtisserie aux marrons, et encore moins avec la crème dessert en conserve). Ce gâteau a pour base un « pain doux » (sorte de génoise) fourré de crème pâtissière coco et recouvert de coco râpée. Et la cheffe y a ajouté un petit caramel coco. C’est imposant mais très léger. C'est très moelleux, ça ressemble à une Tropézienne. Ce dessert devrait logiquement rester à la carte.

Il faut qu’on parle aussi de la déco. Le restaurant Bru est divisé en deux espaces. La salle du fond est dans le style des bistrots de cette décennie qu’on connaît bien, avec ses pierres apparentes… classique. Mais dans la première partie du restaurant, très épurée, le concept est assez original. Il y a quatre places de comptoir face à la baie vitrée, vue sur rue, mais aussi une grande table collée à la cuisine où chacun est assis côte à côte et face à la cuisine. C’est comme un grand comptoir de huit couverts mais version table d’hôtes. C’est difficile à décrire, on vous laisse jeter un œil à nos photos. Ce n'est certainement pas idéal pour un tête-à-tête, la salle d'à côté est à préférer dans ce cas-là, mais cette disposition favorise certainement les échanges, le partage et les rencontres. Ça apporte un côté très convivial à ce lieu. On valide grandement cette idée.

Que penser de tout ça ? Le bistrot chez Bru, on y est, la bistronomie, pas forcément. Chez Bru, on est sur une cuisine assez simple, bien maîtrisée. Les produits soigneusement sourcés se retrouvent assez bruts dans l’assiette, sans chichi. Les petits clins d’œil aux Antilles sont assez discrets, on n'aurait pas été contre que ce soit un peu plus affirmé. Une formule déjeuner est à l’étude et c’est tant mieux car ce midi l’addition, 50€, était trop salée. (Le soir, compter entre 7€ et 16€ les assiettes à partager).

Visité par la rédaction le 19 septembre 2024.

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