Table Penja

L'avis de ParisBouge pour le restaurant Table Penja

TL;DR : on a aimé : les saveurs originales, les goûts prononcés, le service détendu, l’espace entre les tables, la musique pop/rock ce midi, la générosité des assiettes. Les cocktails également twistés. On a moins aimé : les prix.

C’est un déménagement qu’on attendait. Durant une décennie, le chef Pierre Siewe a fait les beaux jours de la bistronomie dans le quartier de Pigalle, dans son restaurant le Garde Temps. Cet ancien disciple d’Yves Camdeborde a pris un nouveau cap cet automne en s’installant à quelques encablures des ministères.

Nous voilà donc au restaurant Table Penja, quelque part entre l’Alma, le Champ-de-Mars et les Invalides. Si la rue commerçante Saint-Dominique n’est qu'à quelques pas, c'est quand même une autre ambiance que Pigalle. Ce restaurant, entièrement imaginé par le chef Pierre Siewe, est plus grand, plus spacieux, plus moderne. La grande salle, épurée, aux tons terreux, se voit revêtir par endroits de touches bien colorées qui donnent un côté arty, chic et chaleureux à ce grand espace. Et bien sûr, au second plan, parce que c’est convivial, la cuisine ouverte.

Dans son restaurant Table Penja, le chef Pierre Siewe fait un clin d'œil à ses racines camerounaise en proposant ce qu’il appelle, une cuisine métissée. Une cuisine où le chef mélange cuisine française et parfums d’Afrique (et même d’Orient parfois). On est toujours méfiant de ce genre de termes qui nous a plus d’une fois déçu par tant de promesses où l'on peine à y trouver la pointe d’originalité et de goût. Mais l’amuse-bouche nous rassure immédiatement. Une petite tartelette à la crème acide, poudre de baobab et râpé de cacao. Voilà qui nous met en pleine confiance. Un beurre maison au poivre Penja et à l’hibiscus accompagne le pain. Notre entrée est végétarienne et plutôt orientale, avec un chou-fleur rôti au beurre de sumac cacahuète harissa pickles, la sauce harissa cacahuète l’est moins et twiste parfaitement ce classique du levant. Avec quelques bouquets de chou fleur en plus, on en ferait presque un plat. Place à une spécialité du chef, le Poulpe. Merveilleusement cuit, fondant bien qu’épais… Il est laqué d’une sauce mbongo qui impressionne par sa couleur noire. Une sauce très parfumée aux mille épices à la façon d’un mole mexicain. Nous qui aimons la cuisine aux goûts puissants, on ne peut être que ravis. En accompagnement, quelques tranches de panais confit, une mousseline panais et café (mieux vaut aimer le café, c’est loin d’être subtil) et un condiment doux aux notes acidulées : piment végétarien et réduction agrume pomelo et orange. En dessert, la banane est caramélisée et flambée au sodabi (eau de vie d’Afrique de l’Ouest). Comme si ça ne suffisait pas, elle trempe dans une crème anglaise au curcuma. Un petit crumble aux épices quatre côtés, jujube, agrumes donne du croquant et une glace moringa (plante) et mangue apporte, par ce côté herbacé/acidulé, de l'équilibre.

En traversant la Seine, la bistronomie s'embourgeoise et le prix des assiettes fait un bond. Formules déjeuner : 35€ et 45€. À la carte, les entrées tournent autour des 20€, les plats des 45€ et les desserts sont à 15€. Il faut noter qu’il y a tout de même un menu trois temps le soir à 55€ et deux menus dégustation (65€ et 95€). Mais quand on voit le prix des croque-monsieur des brasseries voisines, on se dit qu’en fait, pas tant qu'ça pour le quartier. Avis aux amateurs de cuisine d'auteur franche et pleine de sensations, la Table Penja, c’est un métissage réussi.

Visité par la rédaction le 31 octobre 2024.

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