Pierre Gaudibert, Vers le musée du futur
exposition Paris musée et fondation

Pierre Gaudibert, Vers le musée du futur

Événement publié par ParisBouge

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Cette exposition rend hommage à Pierre Gaudibert (1928-2006), historien de l’art, critique et conservateur, dont la bibliothèque et les archives sont entrées au Musée d’Art Moderne en 2015 avec une partie de sa collection personnelle.

En 1967, Gaudibert crée au Musée d’Art Moderne (ouvert depuis 1961) la section Animation Recherche Confrontation (ARC) avec l’appui de la Direction des Beaux-Arts de la Ville de Paris. Il en est le directeur de 1967 à 1972, impulsant un modèle muséographique inédit en France, ancré dans l’actualité et la variété des recherches artistiques, reposant sur la relation directe entre artistes, œuvres et visiteurs. Le dynamisme et le fonctionnement du musée ainsi que sa collection d’art contemporain sont l’héritage de cette vision.

Le parcours s’articule en trois sections, la première reflète l’engagement politique de Pierre Gaudibert au milieu des années 60, partagé avec nombre d’artistes de sa génération, membres du Salon de la Jeune Peinture. Qu’ils soient figuratifs ou abstraits, comme le présente la seconde section, ces artistes suivent une démarche radicale qui les pousse vers de nouvelles voies d’expressions artistiques, dont la programmation du musée se fait l’écho dès la fin des années 1960. Ces mouvements donneront naissance, entre autres, à la Figuration Narrative et à Supports/Surfaces. La troisième et dernière section est consacrée à la présentation d’une partie de la bibliothèque et des archives de Pierre Gaudibert, permettant de cerner l’apport intellectuel de celui-ci aux réflexions esthétiques et sociologiques de l’époque, notamment sur l’évolution du rôle des musées.

Au milieu des années 1960, de nombreux artistes membres du Salon de la Jeune Peinture portent un regard critique sur la société de consommation et les idéologies politiques, en réaction aux événements dramatiques qui jalonnent cette époque : guerre du Vietnam, Révolution culturelle chinoise, conflit israélo- arabe de la guerre des Six-Jours, émeutes raciales aux Etats-Unis, famine en Inde et événements de Mai 68 en France. Aillaud, Buraglio, Cueco, Fromanger, Rancillac mais aussi Klasen, Monory et Télémaque rompent avec les sujets traditionnels de la peinture pour donner à leurs œuvres un écho plus direct aux tourments de la société contemporaine, comme « un cri distancié, irrésistiblement jailli de la sensibilité d’artistes en lutte » pour citer Gaudibert. Au sein du Salon de la Jeune Peinture, l’émergence d’une pratique picturale collective et militante naît dans ce contexte, de nature à désamorcer le caractère individualiste de la position de l’artiste.

Les sujets sont choisis dans l’actualité et les expositions deviennent des manifestations politiques, dont certaines comme la Salle Rouge Pour le Vietnam (en 1969), ou Qui tue? Vérités sur un fait divers (en 1970) en lien avec l’Affaire Gabrielle Russier, sont accueillies par le Musée d’Art Moderne, sous l’égide de Pierre Gaudibert. Comme nombre de critiques et d’intellectuels de gauche ayant milités dans les mouvements d’éducation populaire de l’après-guerre, celui-ci est passionné par les débats et les événements de Mai 68. Présent à l’Ecole des Beaux-Arts pendant les semaines de grève et d’occupation, il suit de près l’expérience de l’Atelier Populaire et les publications satiriques de la période dont il conserve des témoignages, entrés avec ses archives dans les collections du musée.

Revenir à l’essence de l’œuvre d’art, repartir de ses fondements afin d’ouvrir à nouveau les champs de la création telle est la ligne que tient une génération d’artistes émergents à la fin des années soixante. Celle-ci se saisit du concept de radicalité, au sens propre, comme d’un retour aux racines de l’art, par l’interrogation des possibilités plastiques de la toile et du châssis, tout en le liant aux engagements politiques qui traversent l’époque. Le 3 janvier 1967, Daniel Buren, Olivier Mosset, Michel Parmentier et Niele Toroni, réalisent des toiles, chacune répétant un motif distinctif à l’occasion du 18ème Salon de la Jeune Peinture au Musée d’Art Moderne de Paris, qu’ils vont ensuite décrocher, expliquant dans un tract la raison pour laquelle ils refusent le statut de peintre.

Cette recherche du degré zéro de la peinture rencontre un écho chez d’autres artistes qui s’opposent au devenir capitaliste de l’œuvre d’art ou à la célébration de l’artiste comme génie. « L’objet de la peinture est la peinture elle-même », proclament-ils à l’occasion d’une exposition en 1969. L’année suivante, ils exposent au Musée d’Art Moderne de Paris sous le nom Supports/Surfaces, regroupant entre autres Daniel Dezeuze, Claude Viallat et Marc Devade. Au même moment, Pierre Buraglio, Simon Hantaï, Lucio Fontana, qui appartient à la génération précédente, revisitent aussi radicalement chacun à leur manière le champ et l’espace de la peinture.

Militant engagé dans des mouvements d’éducation populaire, au sein de l’association « Travail et culture » et du réseau « Peuple et culture », où il expérimente la sensibilisation des publics à l’art contemporain, ou au sein du parti socialiste, « sociologue de l’art », selon ses propres mots, Pierre Gaudibert a laissé son empreinte sur plusieurs institutions culturelles. Après l’ARC, il est directeur du Musée de Grenoble (1977-1985), où il contribue à créer le centre d’art Le Magasin. Chargé de mission pour le ministère de la culture et le Musée des Arts d’Afrique et d’Océanie (1985-1994), il se consacre alors à l’étude et à la promotion de l’art contemporain africain qu’il n’a de cesse de diffuser par l’organisation d’expositions ou de publications.

La sélection des documents présentés dans cette exposition permet d’évoquer les diverses activités professionnelles et scientifiques de Pierre Gaudibert, et de cerner l’apport intellectuel de celui-ci aux réflexions esthétiques et sociologiques de son temps, à travers cinq de ses publications majeures : Action culturelle : intégration et/ou subversion (1972), De l’ordre moral (1973), Du culturel au sacré (1981), L’Arène de l’art (avec Henri Cueco, 1988) et Art africain contemporain (1991).

La bibliothèque et les archives de Pierre Gaudibert sont le reflet d’un parcours intellectuel et engagé dans la défense d’un art accessible à tous et souvent situé en dehors des catégories traditionnelles.L’inventaire et la description du fonds Gaudibert sont aujourd’hui accessibles sur le portail internet Paris Musées Collections et leur consultation est ouverte aux chercheurs.

Fermé le lundi et le 1er mai

Commissariat : Hélène Leroy

Couverture :
Pierre Gaudibert / Gilles Perrin

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