Allan McCollum, The Book of Shapes
exposition Paris galerie

Allan McCollum, The Book of Shapes

Événement publié par Michèle Didier

adresse

Galerie mfc-michèle didier

66, rue Notre-Dame de Nazareth

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tarif

Entrée libre

style

Art contemporain

Contact

01 71 97 49 13

infos

L’exposition The Book of Shapes s’articulera autour de la publication éponyme de l’artiste Allan McCollum produite en 2010 par mfc-michèle didier. The Book of Shapes s’intéresse, comme son titre l’indique, aux formes; il découle directement de The Shapes Project, un projet initié par McCollum en 2005. Il est alors intéressant de rappeler à cette occasion l’origine du sigle MFC qui constitue en partie le nom de la maison d’édition mfc-michèle didier. En effet, MFC sont les initiales pour Maîtres de Forme Contemporains et fait directement référence aux maîtres de forme de l’école du Bauhaus. Le corps professoral du Bauhaus était composé notamment des maîtres de forme, des artistes et des maîtres d’atelier, des artisans. Walter Gropius fonde le Bauhaus en 1919, ce dernier résulte de l’unification de l’école supérieure d’arts plastiques et de l’école des arts et métiers de Weimar:

« Formons donc une nouvelle communauté d’ouvriers, dépourvue de l’arrogance de cette division en classes qui souhaite établir un mur d’orgueil entre les artisans et les artistes. Concevons et créons en commun la construction nouvelle de l’avenir qui embrassera tout en une forme unique, l’architecture, la sculpture, la peinture (...) », affirme-t-il.

Il sera plus complexe qu’annoncé de construire cet avenir sans division dans lequel « création autonome » rimerait avec « création industrielle ». Les maîtres du Bauhaus ne sont, en effet, pas tous de l’avis de Gropius. S’ils sont tous d’accord sur le but à atteindre, à savoir que l’art devienne le bien de tous, ils sont résolument contre un tournant vers l’industrie. En réalité, la plupart d’entre eux pensaient déjà que pratique artistique et pratique artisanale n’étaient pas régies par les mêmes lois. Ils estimaient néanmoins qu’il pouvait y avoir des interactions et des analogies entre ces deux pratiques. Par contre, avec la pratique industrielle, le lien leur semble impossible. Pour eux, la fabrication mécanique était par son mode de production aux antipodes mêmes de ce que doit être un travail créateur.

The Shapes Project constitue en quelques sortes un des prolongements possibles de ces préoccupations internes à l’école du Bauhaus et des conflits idéologiques qui se sont développés entre défenseurs des arts plastiques et de l’artisanat en opposition à la production industrielle et ceux partisans de la disparition des frontières entre disciplines et procédés de production. Allan McCollum s’affranchit de ces combats en les dépassant, dans l’objectif de mener à bien une oeuvre à la dimension alors quasiment oecuménique.

Pour revenir à des considérations plus concrètes, The Shapes Project consiste en un système permettant de générer plus de trente et un milliards de formes différentes, à partir des combinaisons de six groupes d’éléments types. Chaque forme est destinée à être assignée à un individu. Alors que les Nations Unies ont établi que la population mondiale s’élèvera en 2050 à neuf milliards de personnes, ce système offre un large panel permettant à tous de posséder sa propre Shape, avec laquelle tout un chacun peut agir à sa discrétion.

La publication d’Allan McCollum The Book of Shapes est constituée de deux volumes. Le volume I contient tous les « patrons », tandis que le volume II comprend le mode d’emploi pour réaliser toutes les combinaisons possibles de ces éléments. Puisant sa méthode dans l’analyse des systèmes de production de masse, The Shapes Project présente un paradoxe: le souhait de l’artiste de produire une œuvre d’art à une échelle massive, en veillant en même temps à ce qu’aucun de ces objets, pourtant créés à partir d’un même moule, ne soit tout à fait identique. The Book of Shapes permet d’appréhender l’ampleur de ce dessein ambitieux.

L’exposition à la galerie mfc-michèle didier présentera la publication accompagnée d’une sélection de certaines des Shapes qu’Allan McCollum a pu produire jusqu’à ce jour.

Les bases du Shapes Project sont aujourd’hui posées mais Allan McCollum seul ne pourra pas mener à bien la mission qu’il s’est imaginé accomplir. L’artiste propose ainsi à tous de contribuer à la matérialisation dans le réel de cet ensemble monumental. Rendez-vous en 2050 pour faire le compte.

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