DORIAN JUDE PRÉSENTE THE WILL OF DESIRE, PART ONE : ANOMALIA
exposition Paris galerie

DORIAN JUDE PRÉSENTE THE WILL OF DESIRE, PART ONE : ANOMALIA

Événement publié par Point éphémère

tarif

Entrée libre

style

dessin

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vernissage le lundi 11 mai à 18h / visible tous les jours / entrée libre

Attention, l’exposition ne sera pas visible du mercredi 20 mai au lundi 25 mai 2015

Le travail de Dorian Jude naît de multiples interrogations, plus particulièrement de celles liées à l’humain, à son existence et à celle d’autrui, à la place de l’homme dans la société contemporaine. Les théories sur l’être, l’Humain, principalement développées depuis le XVIIIéme siècle, entretenant l’Altérité comme danger potentiel et non comme force commune, sont le terreau de ses interrogations. Dorian Jude utilise pour ce faire le dessin avec un minimum d’outils : la mine graphite, la mine rouge et des crayons de couleurs sur papier pour traduire et montrer pourquoi/comment le corps vit avant tout le corps de l’autre comme une opposition au sien et, de quelle manière il peut s’inscrire dans un espace social.

Dans une société qui catégorise tout ce qu’elle peut, des genres aux communautés en passant par les fonctions, où chacun devrait se fondre dans une case qui lui serait allouée, au rythme effréné des informations constantes qui ne font que passer pour être aussi vite oubliées, l’homme ne cesse de se demander qu’elle est son existence sociale, comment s’intégrer s’il ne répond à aucun critère lui permettant d’entrer dans une catégorie. Il en ressort de la violence infligée, entretenue, subie parfois au détriment d’une réflexion construite et posée, d’une approche et d’une observation de l’autre bienveillante et sans apriori.

Comment traduire cela dans la forme ? Dorian Jude y répond en mêlant les corps, au plus profond de leur chair, qui s’imbriquent ou s’opposent, sont dominés, parfois égaux, qui cherchent et puisent leurs forces dans l’autre pour se positionner ou périr. Ils ne forment plus qu’un dans Les Lutteurs où tout se joue dans des corps emmêlés, moment paroxystique, ligne de tension résumant tout un combat, celui d’une vie ? celui d’une place à trouver ? Des corps de chiens mêlés qui racontent une rencontre aux interprétations multiples dans Dog’s playground pour atteindre une tension humaine condensée dans Le Combat où l’on se demande ce qui se joue. Jusqu’à poser son regard sur un combat que chacun mène pour des idéaux, une reconnaissance sociale voire plus dans L’Emeute. Dans cette fresque réalisée à la mine graphite les formes se brouillent dans une tension mêlant visages aux crispations extrêmes à ceux sans traits, des corps brutalisés, amputés qui résument toute la violence qui ponctue les oeuvres de Dorian Jude. Le trait parfois effacé et volontairement délicat de ce dessin contrebalance la dureté du propos tout en l’accentuant subtilement.

La précision du dessin ne fait qu’accroître le malaise, le questionnement qu’impose ces corps perfectibles, torturés, marqués dans leur chair. Veulent-ils se rapprocher ou se distancier de l’autre ? Comment les appréhender ? Que nous raconte ce visage, cet oeil plus particulièrement mutilé de Selfportrait ? L’homme abîmé sur sa face, n’ayant plus le choix que de se mettre à mal n’étant plus protégé du regard de l’autre dans la sphère extérieure. L’homme et sa mutilation comme seuls face au monde pour se faire une place dans une société où l’apparence est dominante et le défaut physique est mal appréhendé. Là encore l’artiste réussi à faire de la blessure une force, nous faisant voir l’âme au-delà de la perfection de l’autre partie du visage. Dorian Jude aide à voir, à accepter les différences, à regarder l’autre comme un être pensant et non comme une apparence.

Apparence à laquelle il ne faut pas se fier mais, regarder plus loin que les attraits masculins qui prédominent d’ailleurs dans le corpus graphique de Dorian Jude. Les femmes mêmes ont quelque chose de masculin dans leur corporalité tel dans La chasse #1. La féminité se trouvant dans les attributs physiques ancestraux liés à la figure maternelle dans La Chasse #1 et La Mère. Dans la série Mes Constellations L’homme dominant, physiquement reconnaissable, pénètre un yantra brodé, l’organe pénétré, sexuel mais non sexué, est, quant à lui, matérialisé par un symbole spirituel. L’artiste suggère par la forme abstraite de regarder au-delà de l’archétype social de la représentation de l’acte sexuel, du dominant et du dominé.

De la même manière que cette dominance virile de l’homme est montrée brutalement à travers le stéréotype masculin qu’est la voiture dans la série Car Crashes. L’homme dans sa puissance détruit par un des archétypes qui le représente. Dorian Jude se sert des symboles classiques de l’iconographie occidentale et non occidentale et les lie à ceux de notre société contemporaine pour mettre en avant les questionnements inhérents au corps humain, à l’homme, encore et toujours dans son évolution dans une société qui le remet perpétuellement en cause voire à mal.

DORIAN JUDE est né en 1980, il vit et travaille à Paris. Diplômé de l’école des Beaux Arts de Nantes en 2005, il a travaillé dans l’industrie joaillière avant de revenir sur la scène artistique. Il a participé à des expositions collectives et personnelles : à la galerie IPSO-FACTO à Nantes en 2005 avec Franck Lamy et Beatrice Cussol, Avis de recherche en 2005 au Lieu Unique et à l’ERBAN à Nantes, 133BPM sur une proposition d’Anne Frémy la même année, POST- en 2010/2011 à l’espace THINK & more, puis différentes expositions collectives à la Galerie PapelArt à Paris et entre 2011 et 2014, aux RonchauxRoom à Besançon entre 2011 et 2013 également, à deux reprises avec entre autres Virginie Barré, Olivier Nottelet, François Marcadon. En 2012 il participe à Art Paris Art Fair au Grand Palais, et est invité par la revue The Drawer à une carte blanche pour le Numéro 3. Il présente actuellement un dessin de la série Carcrashes au Mac Val pendant l’exposition Chercher le garçon (visible jusqu’au 30 Aout 2015), a collaboré avec le restaurant du Mac Val pour une illustration ayant trait à l’exposition en cours et prépare une résidence de recherche au centre étudiant de Zagreb pour son projet The Will Of Desire. Il collabore parallèlement avec la presse et des maisons de Luxe pour des illustrations et des cartes blanches depuis 2009.

Sandrine Abbadie

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