Exposition François Truffaut
exposition Paris musée et fondation

Exposition François Truffaut

Événement publié par ParisBouge

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tarif

11 €

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Exposition accessible les lundis et du mercredi au samedi de 12h à 19h ; nocturnes le jeudi jusqu'a 22h. Dimanche 10h à 20h.

Le cinéma de François Truffaut est romanesque, narratif, conçu autour de personnages liés par des intrigues. La dimension plastique n'y est ni évidente ni primordiale. Truffaut n'a jamais revendiqué d'influence artistique ou picturale, visible et ostensible, et seuls des cinéastes ont pu l'influencer : Lubitsch, Renoir, Guitry, Rossellini, Hitchcock... Il n'est donc pas envisagé d'exposer des œuvres de peintres ou plasticiens dont Truffaut aurait revendiqué l'influence ou l'héritage. Ce serait un pur contresens

Le pari de cette exposition consiste à aller au plus près de l'univers intime du cinéaste, où l'écrit et la chose écrite tenaient une place essentielle. Dès son enfance, Truffaut fut un grand lecteur, Balzac devenant son écrivain de chevet. Puis d'autres : Jacques Audiberti, Henri-Pierre Roché (dont il adapta Jules et Jim et Les Deux Anglaises et le Continent), Marcel Proust dont il fut un lecteur assidu. Raymond Queneau et Paul Léautaud, deux écrivains qu'il aimait et qui l'ont inspiré. Henry James, au cœur d'un film impressionnant et très personnel : La Chambre verte. Jean Genet, dont il fit la connaissance au début des années 50. D'autres encore. Souvent dans ses films, les personnages de Truffaut ont un livre à la main. C'est le cas d'Antoine Doinel (Jean-Pierre Léaud) dans Les Quatre Cents Coups, un personnage qui reviendra à travers la saga Doinel (jusqu'à L'Amour en fuite, en 1978), sorte d'équivalent cinématographique de L'Éducation sentimentale. Et il y a bien sûr Fahrenheit 451, d'après Ray Bradbury, où les personnages deviennent des hommes-livres, pour les sauver des flammes. C'est ce qu'était Truffaut : un homme de cinéma entièrement voué au Livre.

Il fut aussi un admirateur des écrivains appartenant à ce qu'il appelait la "Série blême" : David Goodis (Tirez sur le pianiste), William Irish (La mariée était en noir, La Sirène du Mississipi), Henry Farrell (Une belle fille comme moi) ou Charles Williams (Vivement Dimanche !). En fait, Truffaut était lui-même un véritable écrivain, il notait tout, écrivait beaucoup, des textes sur le cinéma, des préfaces et des correspondances. Et il gardait tout. Sa période critique s'étend sur quelques années – 1953 à 1958 – durant laquelle il écrivit plusieurs centaines d'articles, principalement dans les Cahiers du cinéma et dans l'hebdomadaire Arts et Spectacles, mais aussi dans Elle, La Parisienne, Pariscope, et d'autres revues ou magazines. Devenu cinéaste, il continua d'écrire de nombreuses préfaces consacrées à André Bazin, Orson Welles, Sacha Guitry, Jean Renoir, Nestor Almendros ou Tay Garnett, publiées en France, en Italie ou aux Etats-Unis.

Dans son travail de cinéaste, l'adaptation et l'écriture scénaristique se reconnaissent à travers les ratures, brouillons, collages, montages, commentaires ou citations, qui irriguent en profondeur son œuvre et à laquelle ont collaboré de véritables complices : Claude de Givray et Bernard Revon, Jean Gruault, Suzanne Schiffman, Jean-Loup Dabadie ou encore Jean-Louis Richard. Truffaut fut un écrivain de cinéma, ou si l'on veut un écrivain au cinéma. Il lui arrivait souvent de ne donner qu'au dernier moment ou au petit matin à ses actrices (Jeanne Moreau, Marie Dubois, Françoise Dorléac, Claude Jade, Catherine Deneuve, Bernadette Lafont, Marie-France Pisier, Jacqueline Bisset, Isabelle Adjani, Nathalie Baye, Fanny Ardant), et à ses acteurs (Léaud encore, Charles Aznavour, Oskar Werner, Henri Serre, Jean Desailly, Jean-Paul Belmondo, Jean-Louis Trintignant, Charles Denner ou Gérard Depardieu), leur dialogue. Comme s'il voulait que la parole et les sentiments gardent en eux la fraicheur de l'instant immédiat et la force du romanesque.

De tout cela, il reste des archives : scénarios annotés, ouvragés raturés, correspondances, notes manuscrites, carnets. Ces trésors vont nourrir notre exposition et se mêleront à des extraits de films, des documents audiovisuels, des photos et affiches, des objets, qui dessineront en pointillés l'univers romanesque de François Truffaut.

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